29 juillet 2018 7 29 /07 /juillet /2018 15:12

Une gare fluviale. Drôle d'endroit pour regarder un quart de finale de Coupe du Monde ! J'ai faim, j'ai envie de pisser, je pue sans doute un peu, mais je tiendrai ! (et j'espère que mes voisins aussi !). Après la victoire, devant un public brésilien très indifférent à ma joie, je découvre la capitale du Para, ancienne région de caoutchouc, plutôt tournée vers les mines aujourd'hui. Un résumé du Brésil ? Peut-être. Car les hauts-immeubles côtoient littéralement les minuscules maisons, les grosses voitures individuelles se mélangent aux vieux bus bondés crachant du noir, et les hommes d'affaire passent, indifférents, devant les nécessiteux. Un résumé du monde en fait.

Belem tristesse

Je trouve avec difficulté une banque et un hôtel (heureusement que les Brésiliens sont très sympas et m'amènent directement au lieu dit, avec un œil sur leur montre quand même, il y a tout de même Brésil-Belgique dans une heure, et pas question pour eux de le rater !). Justement, je prévois de regarder le match avec eux. La première mi-temps dans un restaurant. Je suis le seul client, avec sept serveurs et le patron. Ils sont tous assis à côté de moi. Ca crie. On y croit fort ! On va se venger de 2014 et de cette raclée monumentale face à l'Allemagne. But. Belge. Ca s'apitoie. Mi-temps. Je change d'auberge, et m'installe au milieu d'une grande place. Cette fois, je côtoie les vendeurs de noix de coco. La ville est déserte. Plus d'un million d'habitants, il est 16h, je suis en plein centre, et je vois moins de voitures qu'à Tilques un dimanche soir pluvieux. Religion football. Deuxième but belge. Dépités, mes vendeurs de cocos. Réduction du score ! Un cri traverse la ville. J'entends des feux d'artifice au loin. Et puis plus rien. C'est fini. C'est calme. C'est silencieux, une ville d'un million et demi d'habitants, un soir d'élimination. Je déambule dès lors dans une ville triste, où chacun rentre chez soi, un maillot de Neymar sur le dos, regard posé sur le trottoir, en pestant contre la moitié du monde. A la télévision les commentateurs deviennent fous et demanderaient l'exécution publique des joueurs, du sélectionneur, du président de la fédération et de la reine belge, s'ils le pouvaient (enfin, c'est ce que je comprends, mais c'est mon portugais de trois jours!).

 

Le lendemain, c'est parti à la découverte de la « cité des manguiers », première colonie européenne sur l'Amazone. Derrière ce programme alléchant se cache un centre-ville historique délabré... Dommage, l'architecture coloniale est encore partout, et il y aurait quelque chose à faire pour rendre la ville agréable aux visiteurs. Là, les mauvaises odeurs remplissent mes narines et les fissures et bâtiments abandonnés remplissent mon paysage. Au niveau des oreilles, on m'interpelle : « psssst ». Une prostituée qui m'appelle et me fait un signe. Glauque.

Belem tristesse

Je fuis vers le marché, très animé, odorant et bruyant. Seul le fort me permet d'apprendre deux-trois choses sur la ville.

Belem tristesse
Belem tristesse
Belem tristesse
Belem tristesse

Mais il y a toujours un côté romantique à ces balades urbaines. Déambuler dans une ville inconnue, qu'on ne reverra plus, et essayer d'en saisir un petit morceau : une façade qui sort du lot, un regard qui s'échange avec un habitant, un arbre en fleurs. Et quand je pars, je ne peux m'empêcher d'avoir un peu de nostalgie. Ce n'était que quelques jours, quelques heures, et pourtant Belem m'aura laissé un vrai souvenir, que je pourrais me remémorer à l'avenir. C'est ça les voyages, des journées qui s'incrustent au plus profond de vous au détriment de ces journées de routine, dont on ne se souviendra plus. C'est ça qui me motive à partir, à chaque fois. Qu'importent les moments de solitude, les angoisses des départs, la tristesse de l'éloignement. J'ai l'impression de vivre pleinement quand j'y suis. Et c'est ça qui compte.

Belem tristesse
Belem tristesse
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