Vivre ses rêves.
14 km, 21 lacets.
Honnêtement, nous partions dans l'inconnu. Pensez : aucun de nous deux n'avait mis les fesses sur un vélo de route auparavant ! Les seuls cols que j'ai montés s'appellent le mont Cassel, à 176 mètres d'altitude et la « montagne » de Watten à 72 mètres d'altitude... Là, la station de l'Alpe d'Huez trône fièrement à 1 850 mètres.
Nous récupérons notre vélo. Ultra-léger, en carbone. Nous apprenons à changer les vitesses. « C'est quoi la plus petite ? » « Ok, laissez-là ! ». Car oui, nous n'avons pas prévu d'aller très vite. Notre challenge est clair : arriver en haut sans poser le pied à terre. Niveau temps, nous pensons faire 2h30. Oui, 2h30 à monter ! Drôle d'idée tout de même.
Et nous voici, un peu fier, un peu craintif, prêt à partir à l'assaut du mythe.
Nous avons un peu étudié le profil. Le premier kilomètre est roulant avant de faire deux kilomètres à plus de 10% de moyenne. Ne pas se cramer, c'est la priorité. Alors nous montons tranquillement, aux alentours de 7 km/h. La météo est parfaite, pas un nuage à l'horizon. Il ne fait pas très chaud, il faut dire qu'il est 9h30. Je garde mon K-Way quand Olivier décide de ne pas l'embarquer.
Ce qui est génial dans cette ascension, ce sont les lacets numérotés. Nous voyons le premier panneau, 21. Puis, comme un vulgaire décompte de Nouvel An, les nombres défilent. Sur le compteur, le chiffre 8km/h reste présent. Parfois 7,5km/h, parfois 8,5km/h. Rarement au-delà, sauf dans les virages où l'on peut plus facilement tourner les jambes.
La gourde dans la main, je regarde le paysage. Peu à peu, nous gagnons de la hauteur. Nous voyons Bourg d'Oisans de plus en plus loin, de plus en plus bas. « Ah, oui, on a déjà fait tout ça ». Nous nous rendons rapidement compte que nous arriverons en haut sans poser le pied à terre. Le challenge sera réussi. Alors nous pouvons savourer, regarder les montagnes environnantes, sans trop de souffrance.
Honnêtement, j'imaginais l'Alpe d'Huez beaucoup plus difficile. C'est en fait un col très régulier, une fois que tu trouves ton rythme, tu peux y arriver. Alors, oui, forcément, le fait d'être sportif aide, ne mentons pas. Nous avions tout deux fait un peu de vélo ces derniers mois (entre le boulot et une campagne électorale!). Mais sans être des fadas de bicyclette, nous avons enchaîné les virages portant les noms d'anciens vainqueurs. En gardant le sourire. En prenant une petite pâte de fruit. En se faisant doubler par des « vrais », ceux qui avaient la tenue complète, les chaussures etc. quand je pédalais avec mes chaussures de course à pied tout en arborant mon maillot de l'équipe de France.
Une fois, une fois seulement, nous avons rattrapé un autre cycliste. Nous n'étions pas peu fiers. Bon, à l'observer de plus près, il trimballait des bagages ! (on le retrouvera en haut, un Néerlandais en vacance, avec un vélo qui pesait plus de 30 kg!).
Pas grave, nous ne sommes pas là pour ça. 7ème kilomètre, un photographe est là pour capter le moment.
10ème kilomètres. Le plus dur est derrière nous. Ça remonte parfois un peu plus raide, puis le pourcentage diminue. On passe les 8km/h, 8,5km/h puis 9km/h. Nous voyons la station, nous entrons dedans. Nous suivons le parcours « tour de France », pas toujours bien indiqué soit dit en passant. Et nous y sommes. Des cyclistes sont garés. Nous posons le pied à terre. 1H45. Facile.
Je sais qu'Olivier n'aime pas que j'utilise ce mot là, mais vraiment, je m'attendais à bien pire. La comparaison avec le marathon notamment, me faisait un peu peur. Là, ça reste accessible à toutes celles et tous ceux qui pédalent de temps en temps. Et, je vous promets, nous n'avions pas d'assistance électrique ! Après, d'autres cols sont sans doute plus difficiles, et l'expérience me donne envie de me frotter au mont Ventoux un de ces jours ! (si ça vous intéresse !).
Quant à la descente... un régal ! Moins de 25 minutes, à simplement jouer avec le frein ! Par contre, une fois un camion rattrapée, j'étais bloqué !
Ce voyage fut aussi l'occasion de découvrir Grenoble, belle ville, belle vue, avec la part belle aux vélos et aux piétons (comme quoi des maires écolos c'est sympa!).
Quand à la liste des rêves à vivre avant de mourir, elle diminue petit à petit. Plutôt bon signe.
Tiens, et si je repartais en voyage ?!
1- Parc des Princes
Voir les Pyramides
Grimper sur la Tour Eiffel
Visiter Amsterdam
5 - Faire du stop
Tour d’Europe
Istanbul
Voir l’Océan Arctique
Statue de la liberté
10 - Prendre le transsibérien
Marcher sur la Grande Muraille
Colombey-les-Deux-Églises avec l’ami Lucas
Être heureux
Faire un doctorat
15 - Réaliser mon arbre généalogique
Courir un marathon
Regarder l’ensemble des vainqueurs de l’Oscar du meilleur film
Sauter en parachute
Visiter l’Inde
20 - Le carnaval de Rio de Janeiro
Aller à Jérusalem tout en ayant lu la Bible
Île de Pâques
Être quadrilingue
Écrire un livre
25 - Voir la politique d’un peu plus près
Monter l'Alpe d'Huez sur un vélo
Traverser un océan en bateau
Jouer au foot en Antarctique
Voir Rome
30 - Aller à la Mecque tout en ayant lu le Coran
Avoir des enfants
Observer un volcan en éruption
Road 66
Escalader le Kilimandjaro
35 - Faire un pèlerinage
Emprunter la route de la soie
Assister à une finale de coupe du monde
Être capable de jouer mon aria préféré de Bach au piano (ouverture n°3 en ré majeur, air on the G string, + Prélude en do majeur)
Réaliser mon autoportrait avec un style de Rembrant ou Courbet
40 - Mettre un pied dans l’ensemble des pays du monde (67/194)