30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 07:09

D'autres voyageurs vous le diront : c'est à l'étranger que l'on se sent le plus Français. Je dirais même que c'est à l'étranger que l'on est le plus fier d'être Français. J'ignore pourquoi, n'étant pas vraiment un grand patriote et passant beaucoup de temps à critiquer mon pays, ses institutions, ses représentants ou sa population quand je suis dans l'Hexagone. Mais voilà, c'est à l'étranger que je me rends compte de la chance que j'ai de vivre en France.


Ça a commencé en Erasmus, en Angleterre. Là je faisais de la publicité pour notre éducation nationale, et son système de bourses avantageux. Évoquer cela avec un Anglais qui paye 3000€ son année, je peux vous dire que ça a fait son effet (depuis ils peuvent payer jusque 9000€). Pire encore quand nous comparions nos bourses avec les autres Erasmus : j'étais celui qui touchait le plus (je remercie également la région Nord-Pas-de-Calais dans cette histoire).
Au-delà de l'éducation, c'est tout un système social que je vantais régulièrement. Nos hôpitaux ? Ils sont excellents. Et on est remboursé. Pas vous ? Les Anglais répondirent par la négative. Et leurs hôpitaux publics sont parfois dans un état déplorable.

Et puis j'ai continué mes voyages. A travers les pays nordiques j'ai vanté notre météo. Penser, un pays où il fait – 30°C l'hiver et où les moustiques vous harcèlent l'été. Ce n'était pas difficile de faire mieux ! Preuve en est que même notre Pas-de-Calais est capable d'avoir un climat plus accueillant !

 

A travers l'Asie je glorifiais notre nourriture. Dans des contrées où tu manges du riz au petit-dej, à midi et le soir, parlez d'un petit-pain au chocolat et on vous prendra pour un fou. L'aspect nourriture vaut également en Angleterre, dans les pays nordiques, en Allemagne et dans 95% des pays du monde.

A travers l'Afrique, j'ai compris que notre crise économique n'était finalement que légère. « Nous, quand on a une crise, c'est la guerre civile et les gens meurent de faim. Quelle crise vous avez en Europe ? » C'est vrai que vu comme ça... L'électricité, l'eau courante, l'eau chaude, des routes, pas de maladie refilée par les moustiques, des salaires, une assurance-chômage, une retraite... Oui, vivre en France reste une chance. Je l'ai déjà dit, on a tous gagné au loto le jour de notre naissance.

Au cours de mes voyages, je me suis également rendu compte que la France est un pays magnifique. Et que l'on a de la chance d'avoir une telle diversité de paysages. On a Paris, les Alpes, l'île de Beauté, la Camargue, les plages du grand Ouest, le Mont-Saint-Michel, les volcans d'Auvergne... tous les citer me prendrait une éternité.

Et notre histoire ! Quelle histoire ! Ici en Tanzanie, je parlais avec une Québécoise, elle me disait qu'elle était toujours impressionnée quand elle venait en Europe. Et que sa première fois à Paris, elle touchait les pierres des ponts et disait « c'est plus vieux que n'importe quelle autre construction du Québec ».

Notre histoire fascine nos voisins. Je me souviens bien d'un professeur de Canterbury me demandant « mais pourquoi avez-vous tué Marie-Antoinette ». Après lui avoir répondu que ce n'était pas vraiment ma faute, je lui déclarais que pas grand monde ne regrettait ce geste. Et que les Français avaient une opinion très positive concernant la Révolution, ou Napoléon.
Notre esprit de révolte est parfois caricaturé : un peuple qui passe la moitié de son année à faire grève. Oui, mais ça sert parfois. Quand on m'évoqua les suppressions de postes draconiennes dans l'éducation nationale finlandaise (3 postes d'enseignants de français sur 4 sautaient dans l'université visitée) je leur ai demandé : « mais pourquoi vous ne faites pas grève ». On m'a alors regardé avec des yeux, l'air de dire « faire grève, c'est quoi ça ? ». J'évoquais alors les blocages d'université lors de la période CPE, telle une grande bataille napoléonienne contre l'envahisseur. Et je voyais une certaine admiration à l'écoute de ce récit (soit dit en passant, je n'ai jamais été un partisan du blocage des universités !).

Et puis vint le temps de la culture française. Ah comme je suis fier quand on m'évoque Voltaire ou Rousseau (alors que franchement les Confessions n'était pas mon livre favori du lycée!). Encore en Erasmus, ma colocataire américaine me parlait de la Nouvelle Vague, de Godard. J'étais bien en peine, je n'avais jamais vu un Godard de ma vie. Ni de Truffaut. Mais elle m'en parlé comme si c'était moi qui en étais à l'origine.

Et puis notre langue. Ah, le français. « Bonjour, comment ça va ». On m'interpelle de nombreuses fois de cette façon en Tanzanie. Je tente de poursuivre un peu mais souvent leurs connaissances s'arrêtent là. Mais il faut voir leur fierté de dire cette petite phrase pour comprendre. Et quand il me demandent mon prénom, je le dis à l'anglaise, avant de leur préciser la prononciation française. Ils répètent, et rient. Comme quoi, il n'en faut pas beaucoup pour faire sourire un homme.
D'ailleurs cet accent très français que j'ai, j'en suis très fier. Je le répète souvent, le garder fut un choix merveilleux. Et pour cause, avec le succès que ça a auprès des filles, ça aurait été con de le perdre !

 

Alors oui, je peux le dire d'ici, Arusha, Tanzanie  : vive la France ! (et vive le Général)

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