Ce n'est pas facile lorsqu'on a 20 ans de se positionner politiquement. On sort à peine de l'école, on fréquente les bancs de l'université et voilà que tout d'un coup on vous demande pour qui vous voulez voter. C'était les élections présidentielles de 2007, mes premières.
A l'époque je ne savais pas trop où me situer. Je me souviens de Philippe, très actif dans le mouvement anti-CPE, qui se situait auparavant au centre-droit (il a changé très vite). C'est d'ailleurs l'une des caractéristiques de la jeunesse : notre vote n'est pas très bien établi. Quelques arguments, quelques mesures, un CPE plus tard, et vous faites passer un centre-droit vers la gauche de la gauche.
Ma famille n'a jamais été très orientée politiquement non plus. Mes parents votent d'ailleurs différemment, mais sans jamais faire de grand débat là-dessus. J'ai une copine bretonne qui est née avec un sang socialiste, et qui savait très vite où se situer. Chez moi, pas de repères familiaux. J'allais devoir découvrir par moi-même mon positionnement politique.
Je n'ai jamais caché pour qui je votais. Je peux d'ailleurs le répéter ici : à la présidentielle de 2007, ce fut Bayrou, Sarkozy, et pour le député PS de ma circonscription. A l'époque, je me voyais plus au centre-droit. En 2012, ce fut Bayrou, Hollande, et pour le député PS de ma circonscription. A l'époque, je me voyais plus au centre-gauche.
Je partais notamment d'un principe un peu bateau : le centre prend les bonnes idées de la droite et de la gauche, mélange tout ça, et fait un beau programme. Et puis Bayrou, avec sa marionnette ridicule, me semblait quelqu'un de bien. Le problème, c'était le deuxième tour. En 2007, ce fut Sarkozy, croyant encore à l'époque dans les bienfaits du libéralisme et dans son programme. En 2012, ce fut Hollande, croyant un peu en son programme social et rejetant cinq années d'une droite dure qui me faisait parfois honte.
Depuis, j'attends la mise en place du programme social de François Hollande (et pas les allègements de charges).
Au début de l'année 2013, je me suis enfin engagé. Cela faisait plusieurs années que je réfléchissais à le faire, que j'en parlais. Et j'ai signé. Non pas pour un, mais pour deux partis ! Mes potes m'ont dit que ce n'était pas une bonne idée, que ça pourrait donner l'impression que je mange à tous les râteliers (bref, un vrai politique). Mais je le faisais vraiment pour l'expérience. Je voulais voir comment fonctionne un parti. Et j'en ai choisi deux très différents : le PS, grosse machine, actuellement au pouvoir. Et l'UDI, alors à peine créé, qui se structurait dans l'opposition.
Après une année, je peux faire un rapide bilan. Tout d'abord, ce n'est pas facile d'être engagé en politique quand vous habitez à l'étranger. Très clairement, j'étais trop loin des réunions et des rencontres pour pouvoir réellement comprendre et analyser ce qui se passait dans ma région, et dans ses partis. Mais au-delà de la déception de n'avoir pas beaucoup participé, il y a quelques choses intéressantes. J'ai participé à un petit projet citoyen, Onfield, au cœur de l'été. Créer un cahier de doléances, l'idée me plaisait énormément. Dans les faits, j'attends que le brave Borloo se remette pour qu'il soit enfin déposé à l'Assemblée Nationale. Et j'ai reçu très régulièrement les infos par mail sur ce qui se passait dans les deux partis (notamment l'UDI, très actif par mail). Et si cet engagement ne fut pas parfait, il a cependant permis de me positionner.
Je ne suis pas de droite. En tout cas, pas cette droite là. Entre Copé qui lance des polémiques de pain au chocolat et de livres sur la nudité et un Fillon qui essaie de se faire passer pour plus à droite qu'il ne l'est... Et enfin le petit, qui essaie désespérément de revenir à coup de sondage sur le Figaro... Le bilan de la droite, au pouvoir entre 2002 et 2012, n'est pas très bon. Mais dans l'opposition, j'ai l'impression qu'elle se dépasse pour faire pire. Le droite a tendance à lentement glisser vers l'extrême-droite, se servant de sujets comme l'immigration pour essayer de rebondir, cachant ainsi son absence d'idées économiques (« baisser les impôts qu'ils disent, baisser les charges ! » Oui, mais comment mon ptit père ? C'est bien gentil de le dire, mais si vous ne l'avez pas fait pendant 10 ans, c'est qu'il y a une raison). Le droite se conservatise de plus en plus (pardon pour le néologisme), notamment sur les sujets de société. Et c'est là mon gros problème avec l'UMP depuis plusieurs années. Le mariage pour tous, notamment, fut un choc pour moi. Je pensais que la droite française était un peu plus progressive que le Tea Party. Mais malheureusement, elle est infiltrée de plus en plus par des gens sectaires (je ne vais sans doute pas me faire que des amis avec cet article, mais ce n'est pas le but, ceci est juste une expression de mon opinion, et on peut débattre dans le calme et sans insulte).
Alors le centre me plaisait bien. Oui, mais de moins en moins. L'UDI reprend certains des discours de l'UMP. Notamment la lignée économique. L'UDI est un parti libéral. Hors, depuis la crise de 2008, j'avoue énormément douter du libéralisme. La déréglementation, les baisses des charges, les baisses d'impôts... tout cela me semble favoriser une société à deux vitesses, une société qui tend à accroître les injustices économiques et sociales. Je crois en l'impôt, non pas seulement parce que je suis étudiant et que je n'en paie pas (oui, c'est facile pour lui de dire ça!), mais parce que je crois en l’État. Bien sûr qu'il n'est pas géré d'une main de maître. Mais on se plaint et plaindra toujours de nos politiques. Voyez-vous, depuis que j'habite en Allemagne, je n'entends que des gens mécontents de leurs politiques. Et pourtant, on prend souvent en exemple les politiques allemands en France. Mais se plaindre est dans la nature des gens, encore plus des Français (avec manifester).
Alors je vais reprendre une expression que j'entends beaucoup ici, dans mon Bade-Wurtemberg, « le moins pire ». Car oui, finalement, on le sait tous : il n'y a pas un parti politique parfait, comme il n'existe pas d'homme ou de femme parfait. Chacun a ses défauts, moi le premier. Ca se saurait si il y avait un parti qui allait régler tous nos problèmes. C'est d'ailleurs sur ça que nous devons tous travailler : les politiques ne régleront pas tout ! C'est à chacun d'entre-nous de régler ses problèmes, et d'apporter sa pierre à l'édifice. C'est facile de taper sur l’État ou sur Hollande dès que quelque chose va mal. Mais parfois il vaudrait mieux se demander ce que nous faisons nous, en tant que personne, pour essayer d'améliorer les choses. Je ne veux pas me faire passer pour Gandhi, mais soyez le changement que vous voulez voir dans le monde.
Alors aujourd'hui, si je devais me placer sur « l'échiquier politique », je me dirais « de gauche ». Est-ce que je me sens proche du parti socialiste ? Oui, notamment pour certaines de ses valeurs. Plus d'égalité. Plus de fraternité. Des mots qui semblent de plus en plus loin de la droite. Et je l'affirme d'autant plus lorsque je vois les sondages qui font passer Hollande ou le gouvernement pour une équipe d'incapables. Ou les Unes des journaux franchement détestables. Le fameux « Hollande bashing » comme on l'appelle, me renforce de plus en plus dans cette idée.
Cependant, quand je dis de gauche, je devrais préciser : verte. Et ça, c'est vraiment l'un des gros effets de mon arrivée en Allemagne. Vivre quasiment comme un végétarien, voir chaque jour des affiches « non au nucléaire », discuter de ces sujets avec les locaux... ça vous reverdit un homme ! Je ne pense pas que les Verts soit LA solution, mais sans aucun doute une solution. Un mouvement important, qui va, selon moi, dans le sens du progrès, le seul qui vaille.
Aux prochaines élections européennes, je crois d'ailleurs que je vais voter pour les Verts. C'est un parti qui me semble très important à l'échelle européenne, qui présente une véritable ambition européenne, avec des liens très forts unissant les différents courants dans l'ensemble des pays de l'UE. Et qui contre-balance parfois suffisamment les lobbys des industriels très (trop) nombreux de Bruxelles.
Bref, ceci n'est qu'un article pour tenter de me positionner, et de vous expliquer le pourquoi (tout autant qu'à moi d'ailleurs). Une gauche-verte, ce serait peut-être le bilan, mon positionnement à l'aube de mon vingt-septième anniversaire. Est-ce qu'il est définitif ? Je l'ignore encore. Mais j'ai l'impression que ma réflexion est de plus en plus poussée sur ce sujet. Et concernant l'engagement, il reste d'actualité, mais sous d'autres formes.
Liberté, égalité, fraternité. Amen.