26 octobre 2016 3 26 /10 /octobre /2016 15:29

Ich wollte schon zwanzig Mal einen Artikel auf Deutsch schreiben. Aber ich bin ein bisschen schüchtern, und ich dachte, dass ich noch nicht das Niveau habe. Trotzdem habe ich seit drei Wochen viel Deutsch mit meinen Couchsurfern gesprochen. Und wenn es nicht heute ist, es wird nie sein !

Meine Liebesgeschichte mit der Deutschen Sprache hat nicht sehr gut angefangen. Als ich elf war, habe ich Deutsch das erste Mal im Gymnasium gehört. Es war seltsam (es ist noch seltsam, vielleicht sogar noch mehr!) und lustig. Ich erinnere mich noch an meinen ersten Text. Es war die Geschichte von einem Meerschweinchen (es ist ein sehr wichtiges Wort wenn du in Deutschland wohnst, also haben wir dieses Wort sehr früh gelernt !) : Strubel. Der erste Satz war : « Strubel, Strubel, wo bist du ? ». Ich erinnere mich auch an Jan : « pass auf, die Katze ! ». Heute, wenn ich „pass auf“ sage, denke ich immer an « die Katze! ». Das ist ein bisschen seltsam für die Deutschen mit denen ich rede !

Meine Deutschlehrerin war Madame Roblot. Wir haben eine Schwarzwälder Kirschtorte in der Klasse gemacht, das war auch sehr lustig. Aber eine große Schwäche von mir war, dass ich mein Vokabular nicht lernen wollte ! Meine Mutter hat (viel) versucht, aber ich bin ein bisschen stur. « Warum muss ich Deutsch lernen ? Es ist nicht nötig im Leben ! » (dasselbe dachte ich über Englisch). Also bevorzugte ich Computer spielen anstatt mein Vokabular zu lernen. Ich spielte mit Werder Bremen oder FC Bayern, aber es war nicht wirklich ein Deutschunterricht...

Am Anfang, war ich nicht schlecht. Ich hatte Glück dass ich ein bisschen intelligent war. Aber nach zwei oder drei Jahren, konntest du nicht mehr abschreiben : mein Niveau war nicht mehr gut genug. Seit drei Jahren, haben die anderen ihr Vokabular gelernt, und ich hatte vier Deutsche Meisterschaften gewonnen. Auf jeden Fall bin ich cooler !

Als ich auf das Lycée kam, hatte ich viele Problem dem Unterricht zu folgen. « Was ist hier los ». Entweder war es sehr früh, oder direkt nach dem Essen, in jedem Fall war ich sehr müde (ja, gestern Abend habe ich die Champions League gewonnen, wie cool ist das!). Also schlafe ich ein bisschen im Unterricht oder ich verstecke mich, so dass die Lehrer vergessen dass ich hier bin. Es funktionierte fast immer. Ja, das Schulsystem für Sprachen ist schlecht in Frankreich.

Und dann kommt das Abitur : ich konnte mich nicht verstecken ! Ich hatte ein 5 von 20. Sehr schlechte Note.


Meine Geschichte mit Deutsch ist fertig. So dachte ich. Aber ein Zug und eine Prinzessin später... und ich bin total interessiert an Deutsch ! Ja, die Motivation... Jetzt dachte ich : « wie dumm warst du ! Du hast zwanzig Mal die Deutsche Meiterschaft gewonnen, aber du kannst kein Deutsch sprechen ! »
Aber Überraschung, ich erinnere mich an ein paar Dinge : die Nummern, die Beleidigungen, die Tage. Ich muss nur ein Mal über die Grammatik hören und dann mache ich dasselbe. « Hum, also kannst du sehr viel lernen wenn du schläfst ! ». Sehr viel, nein.

Es wird ein täglicher Kampf sein. Ich werde viel Vokabular schreiben, und, so verrückt wie es klingt, lernen. Alleine. Fast. Ich habe ein paar Tandems, die mir helfen werden. Und Tag für Tag werde ich Fortschritte machen.

Heute bin ich nicht total gut. Nein, ich brauche ein paar Monate mehr für das (ich denke manchmal dass ich nächste Jahr in Deutschland wohnen werde, oder mein Post-Doktorat da mache). Aber ich verstehe das Wichtigste. Ich kann sprechen, viele Dinge erklären, ein paar Geschichten berichten. Wie diese. Und ich bin sehr glücklich. Und stolz. Ich erinnere mich von wo ich komme (sehr weit!). Und heute kann ich über mein Liebesgeschichte mit der Deutschen Sprache schreiben. Wie Toll !



Danke Mitja und Sina

Meine Liebesgeschichte mit der Deutschen Sprache
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25 octobre 2016 2 25 /10 /octobre /2016 10:43

Je décide de rejoindre une Polonaise, une Italienne et un Italien, mes colocataires de chambrée, pour la visite des chutes Victoria. Un bus de l’auberge nous y emmène gratos. Après quelques esquives avec les marchands, nous entrons dans le site, classé patrimoine mondial de l’UNESCO (20 dollars). Mais il y a beaucoup plus gênant que les marchands, ce sont les babouins. Des teignes, prêts à se battre avec toi pour récupérer de la bouffe. Un sac à moitié ouvert, et ils t’attaquent sans crier « garde !!! ». Manque de bol pour l’italienne, c’est son repas qu’il a piqué !

Les chutes Victoria : nager dans le Zambèze

Je suis d’abord fasciné par le pont qui relie la Zambie au Zimbabwe. Concocté par un ingénieur français, il est l’une des pièces maîtresses du projet de Cecil Rhodes de relier le Caire au Cap. Inauguré au début du XXème siècle, il présente la spécificité d’avoir une ligne de chemin de fer au milieu, un couloir routier et un couloir piéton. Vu d’en haut, c’est magnifique. Vu d’en bas, c’est encore plus impressionnant !

Les chutes Victoria : nager dans le Zambèze
Les chutes Victoria : nager dans le Zambèze

Pour arriver jusque-là, nous avons dû traverser une jungle, esquiver les babouins, et enfin nous sommes devant les rapides du Zambèze. Les mots pour décrire cet endroit n’ayant pas encore été inventés, je mets des photos.

Les chutes Victoria : nager dans le Zambèze
Les chutes Victoria : nager dans le Zambèze
Les chutes Victoria : nager dans le Zambèze
Les chutes Victoria : nager dans le Zambèze

Les chutes Victoria. 1,7 kilomètre de long (!!!!). Plus de 100 mètres de hauteur. Je m’attends à quelque chose de grandiose. Et je me retrouve face à quelque chose de… sympa. Il y a un an de cela, j’ai vu les chutes du Niagara. Malgré moi, je suis tenté par les comparaisons. Or, la saison sèche et la faiblesse de la saison des pluies font que les chutes sont…un peu vides. Il n’y a pas beaucoup d’eau. La déception est un peu là. C’est ainsi, ce sont les chutes Victoria en saison sèche. Attention, c’est loin d’être dégueulasse !

Les chutes Victoria : nager dans le Zambèze
Les chutes Victoria : nager dans le Zambèze

Pas grave, je reviendrai en saison humide (et côté zimbabwéen, puisqu’ils ont 70% de la vue !). La déception passée, nous nous retrouvons…à marcher sur le Zambèze ! Et à y nager ! L’histoire est un peu folle, nous croisons un pote de l’Italien qu’il a connu en Zambie il y a 10 ans. Il nous explique que nous pouvons traverser le Zambèze. Quelques euros de plus, et c’est parti. Il faut faire gaffe, car l’endroit est infesté… de crocodiles. Le courant est assez faible, saison sèche oblige, et c’est cette fois à notre avantage. Nous croisons une carcasse d’hippopotame (!) J’ai les pieds dans le Zambèze, c’est dingue quand même.

Les chutes Victoria : nager dans le Zambèze
Les chutes Victoria : nager dans le Zambèze
Les chutes Victoria : nager dans le Zambèze

Nous nous approchons un peu plus près des chutes. L’arc en ciel est visible. Quel endroit tout de même ! Et puis on nous propose de nous baigner… se baigner dans le Zambèze ! Juste au-dessus des chutes ! Allez, c’est parti pour le saut ! Non, pas en bas des chutes, question de survie. Mais dans la piscine des anges, qui précède celle du diable.

Les chutes Victoria : nager dans le Zambèze
Les chutes Victoria : nager dans le Zambèze
Les chutes Victoria : nager dans le Zambèze
Les chutes Victoria : nager dans le Zambèze
Les chutes Victoria : nager dans le Zambèze
Les chutes Victoria : nager dans le Zambèze

Au retour, nous croisons des…éléphants, qui bloquaient la route ! Génial !

Ces trois semaines de voyage m’ont fait du bien. J’ai vu du pays, j’ai rencontré du monde, j’ai entendu des histoires folles. Elles m’ont également préparé à ce que sera la liberté d’après-thèse. Il faudra en faire quelque chose, surtout ne pas tourner en rond. Garder ce projet d’enseignement et celui de VVT. Ça me donnera foi dans l’avenir, et donc dans la vie. Il y a tellement de choses que je n’ai pas encore découvertes. Dont la fille. Partons à sa recherche.

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24 octobre 2016 1 24 /10 /octobre /2016 09:42

Fawlty Towers. Je sors d’une semaine sans eau, sans électricité, et me voici devant une piscine. Le choc est brutal ! J’ai fait la danse de la joie dans la douche (une douche !), en compagnie de l’eau chaude. On dit qu’il faut avoir perdu sa liberté pour savoir l’apprécier. Il en va de même avec la santé. Eh bien, c’est un peu la même chose pour l’eau courante, les WC et l’électricité !

Livingstone, la coloniale

Il y a un problème, plutôt logique, cette ville est trop touristique. La nourriture de l’hôtel coûte 80 kwachas, soit au moins le quadruple du prix de base (je viens de manger pour 10 dans un petit resto miteux du centre-ville !) Certes le thé est gratuit, il y a des pancakes chaque jour à 15h, gratuits également. Et je m’en vais faire quelques longueurs. Pour 7 dollars la nuit, ça serait dommage de se priver. Mais les prix restent démesurés pour les locaux. Pensez : une demi-journée de rafting coûte 160 dollars ! 2h30 de safari sur la rivière 95$, un petit-déjeuner sur l’île de Livingstone 98 dollars ! Tourisme de luxe bonjour. Forcément, mon budget étudiant et ma philosophie plus générale du voyage sont embêtés ! Mais il y a pire. Un resto d’expats et de touristes. C’est le genre d’endroit que je déteste : je suis au milieu de l’Afrique et il y a 50 blancs pour 2 noirs. Beaucoup de paraître, un gros service (là, c’est des noirs), et du Schnitzel. Je suis avec deux Italiens et une Polonaise, qui sont dans la même chambre que moi à l’auberge, et ils sortent d’un mois dans le nord du pays. Un mois de brousse. Ils sont, de ce fait, contents d’être dans un tel endroit. Nous n’avons forcément pas les mêmes attentes. Certes, c’est marrant de manger du crocodile, mais hormis ça… je préfère mes restos zambiens avec du nshima !

Je découvre pendant une petite semaine ce qu’est la vie en auberge. L’endroit est vraiment sympa, les gens plutôt ouverts d’esprit : j’ai vraiment l’impression de pouvoir discuter avec tout le monde. Hier, ce fut d’abord Nina, la Néerlandaise/Tanzanienne ultra-jolie qui m’a tenu compagnie autour de la piscine ; elle m’a emmené au Mozambique, à Bornéo, en Papou, et sur la question existentielle de l’appartenance à un pays, elle qui est née en Tanzanie mais qui est blanche… Puis Etienne nous rejoint, le Sud-africain qui gère l’hôtel, beau gosse d’une vingtaine d’années au profil de surfer. Le genre de type très énervant lorsque tu es un mec, surtout torse-nu ! Puis ce furent deux Japonaises et un Américain qui étaient en train de faire un jeu à boire : une course de chevaux, mais avec la couleur des cartes, et il faut miser sur le vainqueur. Les deux Japonaises viennent de faire 16 pays en six mois (!!!). L’Américain a tout quitté et tout vendu pour voyager. Je croise également à plusieurs reprises un groupe d’étudiantes d’Oxford venues faire du volontariat. Toutes ces personnes sont ouvertes aux discussions, curieuses, et souvent avec des histoires un peu folles.

Livingstone est ma première ville coloniale. Elle a gardé le nom de son voyageur le plus célèbre, c’est le seul cas en Zambie. Il faut dire que ce type, un Ecossais, est un sacré personnage, entreprenant à trois reprises une traversée de l’Afrique. Il combat l’esclavage, observe les chutes Victoria, puis se met désespérément à la recherche des sources du Nil ! (grand fantasme des géographes). On le perd pendant des mois, des années, on le croit mort, et puis Stanley, autre explorateur, finit par le retrouver au sud du Burundi. Le musée Livingstone est fascinant, tout comme les récits du personnage (que j’ai découvert grâce à ma thèse… comme quoi, ça sert à quelque chose !).

Livingstone, la coloniale

C’est aussi ma première ville coloniale au niveau de l’architecture. Les villes africaines, de façon plutôt générale, ne sont pas franchement bandantes de ce côté-là. Livingstone a gardé ce petit quelque chose de colonial, ces quelques vieux bâtiments rassemblés le long d’une seule route, qui permettent de voir un peu d’histoire dans les murs. Il y a les dates, les inscriptions, les couleurs, les colonnes, toutes ces petites choses que je n’avais pas vues jusque-là sur le continent (à Zanzibar un peu, avec Stone Town). Cela donne du charme à ma visite.

Livingstone, la coloniale
Livingstone, la coloniale
Livingstone, la coloniale
Livingstone, la coloniale

Livingstone, c’est également ma première et seule soirée zambienne. Je retrouve mes Italiens et ma Polonaise de retour d’un parc national au Botswana ! Leur pote zambien et sa sœur sont là, avec deux autres types. Après une pizza plus que moyenne, direction East Point, la boîte de nuit de la ville. Pas de blanc, hormis nous. Ca change du resto. Difficile d’expliquer les boîtes en Afrique pour celui qui ne les a pas faites (j’en connais qui ont adoré le Black D), mais je vous promets que c’est du collé-serré de façon parfois très très impressionnante. East Point a un truc en plus : les miroirs. Ils sont partout, sur les murs et au sol. Et des Zambiens dansent…face à eux-mêmes. Je ne sais pas si c’est la génération selfie, mais c’est bizarre. Une bonne soirée...
Et demain, je vous emmène voir les chutes Victoria !

Livingstone, la coloniale
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24 octobre 2016 1 24 /10 /octobre /2016 09:35

Après mon expérience de brousse, je me retrouve à Mbala, où je visite le Moto Moto (je promets que c’est le vrai nom !), le grand musée local (très intéressant d’ailleurs, notamment le rôle des Zambiens pendant les deux guerres mondiales). J’ai payé 2€ pour le taxi à l’aller, mais ça me semble trop cher. Je reviens donc…en stop ! La première voiture s’arrête, avec une petite famille à l’intérieur. Mais c’est que ça doit être possible de traverser l’Afrique en stop ! (ma mère s’arrache les cheveux en lisant cette phrase !).

Une nouvelle route se construit vers les plantations de café, par des Chinois. Le président est reconnu pour ses grands projets routiers. Je vois plutôt d’un bon œil ces investissements chinois. Les mauvaises langues disent qu’ils pillent les richesses. Certes. Mais les richesses africaines ont toujours été pillées, sans contrepartie la plupart du temps, l’argent retombant dans les poches d’une minorité. Cette fois, la population voit en partie la couleur de cet argent, avec ces routes. Ça change une région, ça désenclave les petites villes et villages, favorisant le business. Pas un mauvais calcul pour le développement, à mon avis (le sujet est un gros débat actuel chez les africanistes). Je mange dans un petit restaurant, avec la télévision. Les informations sont diffusées dans 7 langues différentes ! La France ne me manque pas. J’ai jeté un coup d’œil aux informations aujourd’hui, j’ai vu burkini, et j’ai fermé la page. Drôle de pays tout de même.

Hormis le musée, Mbala ressemble à une ville où il ne se passe pas grand-chose. L’attraction c’est les bus en provenance de la capitale Lusaka. En position assise sur le trottoir, j’attends le mien. J’observe la vie locale. Les Zambiens ne vivent pas chez eux, ils sont toujours dans la rue. Une véritable communauté où l’on se salue chaque jour. Les vendeuses d’oignons et de pommes de terre sont devant moi, immobiles depuis deux heures, attendant d’hypothétiques clients en grignotant de la canne à sucre ou des arachides. D’autres sont assis de chaque côté de la rue, à attendre. Quoi ? Qui ? Aucune idée. Certains vont et viennent, serrent autant de paluches que lors d’une campagne électorale. Les vendeurs de recharges téléphone sont les plus occupés. J’ai vu plusieurs mecs avec un bonnet. Il fait 25°C (sic !).

Mon bus arrive. Tout d’un coup, c’est le remue-ménage ! Tout ce beau monde assis est maintenant debout, entourant le bus, vendant des sucettes ou des tomates, des cacahuètes et des sodas. J’arrive à monter et je me prépare à…25 heures de bus ! L’objectif, aller jusqu’à Lusaka, puis descendre tout de suite vers ma dernière étape : Livingstone. Pendant plusieurs heures, j’ai le droit à du gospel zambien (écoutez, ça vaut vraiment le coup, et regardez le clip, j’ai choisi l’un des moins kitchs). 5 minutes c’est sympa, je vous promets qu’après plusieurs heures…

Nous nous arrêtons. Et enfin la musique s’est tue ! Le bus est enfin silencieux…jusqu’à l’arrivée d’un… pasteur ! Là, c’est du gospel en direct ! Debout, dans l’allée du bus, vêtu de sa chemise blanche et de son pantalon noir, il commence un sermon, la main posée sur la Bible. Et il se met à parler, puis à crier, puis à hurler, de plus en plus fort. Ce moment eut été amusant s’il avait duré 2 minutes. 25, c’est trop. Sympa, il en profite pour faire la quête. Et il descend du bus à la sortie de la ville. Sacré business ! J’ai quand même vu un jeune homme lui filer un billet alors qu’il avait finalement dit non à de la nourriture après avoir entendu le prix et longuement hésité… A peine le pasteur descendu que le gospel reprend. C’est bien ma veine.

Tout se goupille plutôt bien. Pas besoin de nuit d’hôtel ou de taxi à Lusaka, je pionce dans la station de bus avec plein de Zambiens autour de moi (cet endroit ne dort jamais). J’ai enchaîné les deux bus sans grandes difficultés, hormis la fatigue, le mal de dos, la faim, la soif, l’envie de pisser, l’impression d’être sale…sinon ça va je vous dis !!

Le périple me permet d’observer le pays de son extrême nord à sa frontière sud. Beaucoup de différences sautent aux yeux : le nord est beaucoup plus vert, plus boisé, moins habité. Le sud semble plus riche, les toits en tôle sont désormais la norme. Le secteur agricole a l’air florissant avec de très grands élevages et beaucoup de publicités pour les produits phytos… Oui, ici aussi. La route du sud est énormément empruntée par les camions (c’est le corridor qui permet au pays d’importer et d’exporter).

Et voici Livingstone. J'ai hâte.

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22 octobre 2016 6 22 /10 /octobre /2016 18:36

Mercredi

 « Odi ? » « Odi ! ».

Odi est un terme générique. Il faut l’utiliser à chaque fois que tu rencontres quelqu’un ou que tu passes sur son territoire. « Odi ? » C’est une sorte de « toc toc », « knock knock » en anglais. Ca prévient de ta présence, et demande si quelqu’un est là. « Odi ? » Bref, j’ai entendu « Odi » 300 fois aujourd’hui !

La famille s’agrandit, puisqu’une autre volontaire américaine, Nicole, qui habite à 25 km, nous rejoint. Elle est venue à vélo aux aurores pour partager les crêpes du petit-déjeuner (je compte d’ailleurs très prochainement ajouter « crêpes » sur mon CV). Elle est d’origine serbe, a grandi en Corée du Sud mais elle est belle et bien américaine (non, non, il n’y a pas de faute). Elle fait des études de biologie. En discutant avec ces deux Américains, je me rends compte de la chance que nous avons, Français, de ne quasiment rien payer pour notre université. Mes deux homologues ont 45 000 dollars de dette et une licence comme seul diplôme. Et encore, ils m’expliquent que leur université n’est pas chère ! Forcément, je passe pour un extraterrestre avec mes 300 à 700 euros de frais par an, et mes bourses.

Aujourd’hui, ce fut un peu « Jérémy à la ferme ». Tout d’abord séance « planter des graines de tomates et de courgettes » dans le compost de Ben. Découpe des bouteilles, insertion du compost, les graines, de l’eau et le tour est joué. On fait pareil dans le jardin, que l’on arrose à gogo (60 litres d’eau sur un m²).

La vie de brousse

Puis direction la petite forêt, totalement brûlée, car oui, ici, on brûle à tout va pour régénérer les sols (et pour les désherber). Ce sont des feux « contrôlés ». Les guillemets sont importants, car j’ai vu des photos de la semaine précédente, et les flammes étaient impressionnantes, elles ont même mis le feu au mausolée des chefs coutumiers… contrôlés qu’ils disent… Bref, toujours est-il que nous sommes ici pour ramasser des feuilles. Cela va durer une bonne heure, l’objectif étant de réaliser un nouveau compost.

La vie de brousse

On croise de temps en temps des petits animaux sympas, ayant survécu d’entre les flammes.

La vie de brousse

Jeudi

Ce rythme. Ces secondes qui durent des minutes, ces minutes des heures. Les journées paraissent longues. Quel bonheur ! Non pas que je m’ennuie, mais je les vois passer, contrairement à l’Europe. Je suis content d’être là. Ce voyage me fait du bien et me rappelle à quel point j’aime être sur les routes du monde, libre. Mes derniers déplacements africains ne pouvaient pas être dénommés voyage car il y avait les recherches, les demandes d’interview, la thèse. Aujourd’hui, même si je pense encore aux délais de ma thèse, je voyage vraiment, sans véritable destination, sans but, si ce n’est de découvrir un pays. Je suis à Mpande, et demain ? Je ne sais pas encore. C’est cette belle incertitude qui fait le voyage. Et qui me confirme mon envie de repartir après la thèse.

La vie de brousse

Aujourd’hui, c’est journée randonnée après un gros porridge. De longues heures de marche sous un soleil de plomb, en direction d’un agriculteur souhaitant avoir les conseils de Ben. L’occasion de voir ses cultures, ses « fermes de poissons » (sans poisson, mais l’idée est là), ses bananes, etc. Une vraie traversée sauvage avec lui pour seul guide. Route. Petit chemin. Puis plus de chemin du tout. L’impression d’être Livingstone. Les sourires, les conversations auxquelles je ne comprends rien. Pas grave, on comprend beaucoup avec les gestes, avec les regards. C’est une langue universelle, le rire.

La vie de brousse
La vie de brousse
La vie de brousse
La vie de brousse
La vie de brousse

Nous reprenons la route. Des enfants nous suivent. D’autres sont trop occupés à charrier des marchandises ou à laver du linge.

La vie de brousse

Direction un autre agriculteur. Celui-là a un beau terrain, et de belles cultures. Il semble vraiment travailleur… il a aussi 11 enfants ! Forcément, il a un peu plus la pression ! Après avoir fait le tour de son terrain, nous nous asseyons devant sa maison. La fumée remplit la hutte ouverte, il nous explique comment fabriquer ses propres cigarettes (il cultive son tabac). Je me retrouve avec une canne à sucre dans les mains (que j’essaie désespérément de croquer, mais j’ai tellement peur de me fracturer une dent… (et vous avez vu l’ambulance dans le dernier article !)). Sur le retour je me fais les épaules pour revenir à la maison, avant de poursuivre mon invincibilité au rami (aucun rapport avec Adil).

La vie de brousse
La vie de brousse
La vie de brousse
La vie de brousse

Vendredi

Ça y est, j’ai quitté Nicole, Ben et le village de Mpande. Une expérience magnifique. Une vie de brousse. Certes, seulement quelques jours, et ça serait faire preuve d’une certaine arrogance que de penser que j’ai tout vu ou tout compris. Mais il y a bien quelque chose que je retiens par rapport à mes deux Américains : quel courage. Deux ans de vie, dans des conditions tellement différentes des nôtres, cela force le respect. Surtout pour 250 dollars par mois, somme assez limitée, même dans un petit village zambien.

Ce que j’ai vu aussi, ce sont les ravages des maladies. Tout d’abord, si le chauffeur du bus a la réputation d’être le plus riche du village, il semble que dans les faits ce soit plutôt le vendeur d’alcool. C’est clairement un gros problème ici, et plus généralement dans le pays. Autre chose, le SIDA. Environ 13% de la population vit avec le virus. Le chiffre est énorme, c’est l’un des pays les plus touchés au monde. Sujet un peu tabou, surtout dans les villages. Au niveau économique, j’apprends que les paysans locaux sont payés 8€ le sac de 50 kg de céréales. C’est 3 fois plus en Tanzanie. Vous ne serez donc pas étonnés d’apprendre que la contrebande de céréales bat son plein dans la zone frontalière…

Surtout, ces voyages n’informent jamais autant que sur nos propres vies. Ils me rappellent ce que valent l’eau potable et l’électricité. Mais ils me permettent également d’observer notre faiblesse d’échanges directs. Ce qui est vraiment impressionnant ici, c’est le temps que tu utilises à discuter avec tes voisins, avec l’ensemble du village. C’est également le cas en ville. Tu t’assois, et tu discutes. Ce sera mon plus gros choc à mon retour en France : les rues désertes, l’absence de regard quand tu croises quelqu’un. Et ces mots, absents, qui révèlent un peu de nos maux : individualisme, surconsommation, absence de réelle communauté. Dommage, car ça me plait bien là-bas.

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21 octobre 2016 5 21 /10 /octobre /2016 09:40

A peine la thèse rendue que le travail se présente à moi : professeur d’histoire-géographie et d’éducation morale et civique (également dénommée EMC, c’est le retour de « la morale » !), dans un collège.

Comment suis-je arrivé là ? Tout commence par un entretien au rectorat de Lille, avec une inspectrice d’histoire-géographie-EMC. Je sais que l’éducation nationale recrute des contractuels (25 000 engagés en 2016, ça a doublé en moins de 10 ans), car les remplaçants font cruellement défaut. L’année dernière, une classe de terminale dans le meilleur établissement de ma ville n’avait pas eu de cours d’histoire en décembre ! Une classe de terminale ! Quand même ! Or, il suffit d’avoir un niveau licence pour être éligible. Du coup, ce sont souvent des personnes qui ont manqué le concours qui se retrouvent profs contractuels... logique. De ce fait, je me présente à Lille. Coup de chance, l’inspectrice est… mon ancienne prof d’histoire ! Le temps d’en parler que l’entretien est déjà arrivé à moitié. Quelques questions pièges plus tard (coucou la laïcité), me voilà accepté ! Encore faut-il que l’on me propose un poste.

Lendemain matin, le téléphone sonne. On veut me proposer des dizaines de postes ! Bon, je souhaite finir ma thèse avant, et je demande donc à ne pas commencer avant octobre. « J’ai 3 postes à vous proposer pour début octobre ». Ça va vite ! Deux coups de fil plus tard, je délaisse un poste à Calais pour un collège plus tranquille en campagne, à 30 minutes de chez moi. J’y rencontre la principale, le principal-adjoint, des profs, des élèves, j’entends 50 noms qu’il faudrait un jour retenir… tout va très vite ! Et ma thèse qui m’attend. J’accepte un remplacement de congé maternité, jusqu’au 31 janvier. L’idée est simple : si ça me plaît vraiment, je passe les concours en mars-avril, et ça me laisse du temps pour un peu réviser. Si ça ne me plaît pas, j’ai terminé le 31 janvier, et je retrouve ma liberté.

Et voilà, la thèse est rendue. Et cela fait une semaine de travail. Je suis officiellement devenu un « monsieur », car c’est comme ça que tu t’appelles désormais. « Monsieur » a donc préparé ses cours. Avec un certain plaisir, je dois l’admettre. Fini le Rwanda, fini le Burundi. Cette fois, c’est le retour à l’Europe des Lumières, au néolithique, au génocide arménien et aux révolutions russes. Ça me rappelle forcément des choses, mais il faut les revoir un peu, en cas de questions pièges des élèves. Comment faire un cours qui tient une heure ? Que vais-je dire ? Quels exercices je leur donne ?
Je me surprends moi-même. Pas de stress. Et pas de grande difficulté. Ça me semble facile. Oh, attendez, cela ne fait qu’une semaine, c’est donc loin d’être une conclusion. C’est plutôt la fin de mon introduction. Je n’ai encore rien vu, je n’ai encore rien fait. Mais, pour le moment, ça me plaît.

« Monsieur » a un style. Interro à chaque cours. Vous imaginez bien : je me suis fait des copains. Mais que voulez-vous, c’était le style de Monsieur Paris et de Monsieur Carlier, mes deux profs préférés au collège et au lycée : un peu stricts au départ, et qui relâchent la pression ensuite. Alors je fonctionne comme ça. Une semaine, 7-8 carnets confisqués, deux mots, une retenue. Ça démarre fort, mais c’est le collège. Les sixièmes sont encore des bébés, à qui il faut tout expliquer, jusqu’à la couleur de leur écriture. Moi, la couleur, je m’en fous. L’écriture sur la page de droite ou de gauche ? R.A.B. ! Les quatrièmes sont de vrais adolescents, qui, eux, t’expliquent tout. Ils connaissent déjà tout de la vie, ils ont tout vu, tout entendu. On est bête à 14 ans. Je l’étais. Ils le sont. C’est ainsi. Pour les troisièmes, c’est une année importante, et ils sont un peu plus calmes et matures que les quatrièmes (ça dépend forcément des classes, mais pour moi c’est ça). Il y en a même une qui a corrigé l'une de mes fautes d'orthographe ! Ahah

Et après cette première semaine de travail... c'est les vacances ! Il paraît que c'est là le grand avantage des profs ! Profitons-en !

Prof
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16 octobre 2016 7 16 /10 /octobre /2016 09:13

636 pages. 274 610 mots. J’ai tapé 1,7 millions de lettres sur ce clavier. Et encore, cette statistique ne prend pas en compte le nombre de lignes que j’ai supprimées. Une thèse, c’est des chiffres un peu déments. 4 ans de recherche. 46 cartes, 54 tableaux, 67 pages de bibliographie, 123 sigles. Et un dossier sur mon ordinateur de 15 GO, avec 6 410 dossiers et 343 134 fichiers.

C’est donc fait. J’ai déposé il y a un peu plus d’une semaine ma thèse. Enfin, la première version. Je l’ai envoyée aux deux rapporteurs. Ils sont professeurs à l’université, un en Belgique, l’autre au Rwanda. Et c’est mon destin qu’ils ont entre leurs mains. Oui, j’exagère peut-être un peu. Mais tout de même, ce sont eux qui, après lecture, diront si ma thèse a le niveau pour être soutenue. Si c’est le cas, vous pouvez déjà mettre le champagne au frais, car on n’a pas vu de thèse rejetée le jour de la soutenance. Par contre, on a déjà vu des thèses qui devaient être retravaillées… De ce fait, j’évite de crier sur tous les toits que c’est fait, que je suis quasiment docteur. Non, ce n’est pas encore le cas. Mais vous m’entendrez crier le jour où ça arrivera, pas d’inquiétude !

Comment je me sens ? Là, j’avoue que c’est bizarre. Je pensais avoir un énorme sentiment de soulagement, une grande fierté, l’ivresse de la liberté et le goût du bonheur. Et je me retrouve avec un peu d’indifférence. C’est fait, et c’est tout. Bizarre. Je pense que je ne me rends pas encore trop compte. Que l’attente m’empêche justement de savourer. Et puis une nouvelle étape professionnelle a déjà débuté, l’emploi du temps reste chargé.

Quoique. J’ai commencé une série pour la première fois depuis plus de deux ans. Baron Noir. Et je l’ai terminée. J’ai fait des albums photos qui traînaient depuis plusieurs mois. J’ai lu les lettres de mon grand-père en Algérie qui me faisaient tellement envie depuis plusieurs semaines. Et j’ai été faire la fête à Lille jusqu’au petit matin. J’ai retrouvé le temps, le seul, l’unique, pour faire ce que j’avais envie de faire. Et ça, ça n’a pas de prix.

Soutenance prévue à Pau le mardi 13 décembre (sauf nouveau changement de date). Une pensée à ceux qui luttent encore avec la rédaction, courage !

Déposer ma thèse
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9 octobre 2016 7 09 /10 /octobre /2016 19:28

Cet article est destiné avant tout aux amateurs de 4-3-3, de 10 à l’ancienne et de libéro. Il s’adresse aux passionnés, à ceux qui peuvent se remémorer un but, une action, un arrêt, dix ans après les faits. Ceux qui ont encore la chair de poule en évoquant cette victoire des derniers instants, ce but du temps additionnel. A ceux qui aiment le football.

Aujourd’hui, en Zambie, c’est l’une des seules conversations que j’arrive à lancer : le ballon rond. Hervé Renard est l’attraction phare, et pour cause, c’est lui qui entraînait l’équipe nationale lorsque le pays a gagné la Coupe d’Afrique des Nations, en 2011. C’était la première victoire du pays dans une compétition, et je peux encore voir la joie dans les yeux brillants de mes interlocuteurs lorsqu’ils me narrent cette folle nuit de bonheur et la présentation de la coupe aux chutes Victoria. J’ai l’impression que c’est tout le pays qui était heureux le temps d’une victoire. Même ceux qui n’aiment pas le football se souviennent. Vous en connaissez beaucoup, vous, des moments de bonheur qui rassemblent un pays ? Personnellement, je n’en vois pas. C’est peut-être bien le seul, même en France.

L’Euro fut un exemple. Les cafés étaient remplis, les gens étaient dehors, dans les fans zones et, bien sûr, dans les stades. Certes, les mauvaises langues évoqueront les hooligans à Marseille ou le coût de l’événement, aux bénéfices de grandes multinationales et de l’UEFA. Ils n’ont certainement pas tort. Mas j’ai eu la chance d’aller voir 3 matchs. J’ai vu des milliers d’Ukrainiens venir à Lille en bus, traversant l’Europe, pour venir encourager leur équipe. Je les ai entendus chanter, je les ai vus sauter. Et j’ai pensé à la Crimée et au conflit qui ravage l’Est du pays depuis deux ans. Quoi d’autre que le ballon rond pour oublier, un instant, ces souffrances.

Je suis ensuite allé voir France-Irlande à Lyon pour le compte des huitièmes de finale. D’avance j’aimais ce peuple d'Irlande, ces chanteurs nés, dans la victoire comme dans la défaite. Et j’ai vu la France rencontrer ce peuple vert. J’ai participé à la fête, j’ai chanté les chants irlandais pendant que les hommes en vert chantaient des chants français. J’ai vu une communion, européenne. C’est quoi l’UE, alors que le Brexit venait de tomber ? Son plus beau visage était là, la rencontre des peuples. Ils ne parlent pas vraiment la même langue, si ce n’est celle du football. Les Irlandais ont encouragé leur équipe, les Français ont fait de même, les Bleus ont finalement gagné, et tout ce beau monde est reparti bras-dessus bras-dessous, comme des vieux amis, se souhaitant bonne chance pour la suite, et merci pour ce moment.

Ode au ballon rond

Pour la demi-finale, j’ai fait 1000 bornes aller et 1000 bornes retour sur deux jours afin d’être à Marseille le jour J, et voir ce France-Allemagne. Ça peut paraître fou. Dans mon covoit du retour, une fille avait fait la même chose. Je n’étais donc pas le seul fou. Loin de là. J’ai vu des Bretons traverser la France pour ce match, j’ai vu des habitants de Hambourg et de Berlin faire de même. Vous imaginez beaucoup de situations où vous seriez prêts à faire 2000 kilomètres de voiture en deux jours pour 1h30 de plaisir ? On peut critiquer l’impact environnemental des 60 000 spectateurs. On également se poser la question des confrontations nationales en sport, certains y voyant une nouvelle forme de guerre, d’autres pensant que c’est une question de vie ou de mort, ou que c’est plus important que cela. La question peut se poser, mais j’ai des témoins qui peuvent prouver mon amour pour l’Allemagne, autant que pour la France. Mais, ce soir-là, avec un drapeau européen, j’étais bleu, j’étais corps et âme avec « mon » équipe, j’ai souffert avec elle le temps d’une mi-temps et j’ai explosé avec tout un stade, avec tout un pays, lors du deuxième but. J’ai sauté au-dessus d’une barrière, j’ai couru 30 mètres et 3 types que je ne connais pas sont venus m’embrasser. Ecrire ce moment, c’est avoir le frisson et, limite, les larmes aux yeux.

Certain(e)s ne comprennent pas et ne comprendront jamais cette ode au ballon rond. Je m’en désole et je les plains. Car cette balle et ce terrain, ce sont certains de mes plus grands moments de joie sur cette planète. Ce le sont lors de ces grands matchs, mais ça l’est aussi le dimanche, avec les copains, sur les terrains de district ou du FC Tilques. J’ai passé une année à perdre des matchs chaque dimanche matin, parfois par plus de dix buts d’écart. Et j’en redemandais. J’en veux encore de ces terrains boueux et de ces contrôles ratés. J’en rêve parfois la nuit, je me perds dans des pensées footballistique lors de mes longs trajets en bus, j’imagine une action, un but, un dribble. Et je souris, souvent. Ce soir, après avoir vu une rediffusion d’un match du Barça, je n’ai d’ailleurs qu’une envie : taper dans un ballon.

 

Au football, qui mélange les peuples et les milieux sociaux, pour toutes ces joies et ces peines que tu m’as procurées et que tu me procureras, j’espère, encore longtemps. Tu es l’une des plus belles inventions de ce monde, tu es compris au fin fond de l’Afrique et, même si je ne suis pas sûr que ton évolution actuelle puant le fric soit bonne, tu resteras la possession de tous les amateurs et passionnés. Comme moi. Et comme toi, qui a lu ces lignes.

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6 octobre 2016 4 06 /10 /octobre /2016 21:26

Mardi

Ben vit à Mpande, qui n’existe pas encore dans Wikipédia. Même Google Maps galère. Le bus vient deux fois par semaine. Et Ben habite ici depuis plus d’une année. Woh. Car les conditions de vie sont légèrement différentes de sa Californie natale : pas d’eau courante, pas d’électricité. La maison est d’une simplicité exemplaire.

La vie de brousse

Le toit est fait de bâche et de paille. La paille recouvre également les « murs » de la « salle de bain », au premier plan. A l’intérieur, un petit banc. Je m’assois dessus, et avec un seau d’eau, je me lave. Quant aux toilettes, au second plan, c’est un trou dans une dalle de béton.

La vie de brousse
La vie de brousse

On se fait un festin de mes œufs ! Car, après ce voyage déjanté en stop (lien ici), seulement deux sont brisés ! Miracle !

Nous sommes ensuite allés saluer le village. Tout le monde a un grand sourire, et je sens que Ben est content de me montrer sa vie. C’est la période des récoltes, et ça occupe pas mal le village, plutôt animé.

La vie de brousse
La vie de brousse

J’ai découvert l’école et « « « l’hôpital » » » (quand tu vois l’ambulance tu comprends). Nous nous sommes ensuite rendus chez son coéquipier, dont le fils de 13 ans est malade depuis 3 semaines. L’ambiance dans la maison est morose. Le séjour à l’hôpital n’a pas aidé, il est donc allé voir la veille un « médecin » traditionnel. Mais le mal est (bizarrement) encore là. Ici les croyances anciennes perdurent : les habitants sont allés chasser une sorcière il y a quelques mois… Quand je raconte cette histoire dans la capitale du pays, les gens ne me croient pas. Il y a vraiment un gros décalage urbains/ruraux en Afrique, niveau conditions de vie mais aussi différence culturelle. Et une profonde méconnaissance.

Ben a un mal de chien à faire avancer ses projets. Lorsqu’il fait du compost, les habitants le prennent pour un fou. Espérons que ses belles tomates aident. Quant à sa ferme de poissons pour laquelle il est là, elle est à l’arrêt. Mais ce n’est pas grave, pour Ben, l’échange existe. Culturel, sans aucun doute. Il a appris la langue du village. Et les habitants ont l’habitude de voir un blanc. Ils pratiquent un peu leur anglais. Et puis, « tu ne changeras pas le monde » est la première chose que les volontaires entendent lors de leur entretien Peace Corps. Sûr. Mais sûr qu’il reviendra changé à son retour aux Etats-Unis.

La vie de brousse

La voisine de Ben n’est autre que la femme du chef coutumier du village. Habitent également dans la maison la mère du chef mais aussi ses enfants. Nous sommes invités cet après-midi pour réaliser notre propre beurre de cacahuète (le fameux peanut butter des Amerlocks). Rien de plus con, il faut des cacahuètes et une masse. Boum boum, de l’huile de coude et 15 minutes plus tard, j’ai mon pot rempli ! Génial !

La vie de brousse
La vie de brousse
La vie de brousse

Nous terminons cette journée par une petite randonnée à travers les herbes folles, où les paysages me font parfois penser qu’un lion nous guette au coin d’un arbre. C’est cette Zambie que j’étais venu chercher. J’y suis.

La vie de brousse
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5 octobre 2016 3 05 /10 /octobre /2016 19:21

10 juin 1944. 642 morts.

Il y a parfois des silences très bruyants. Des maisons vides qui vous impressionnent. Un simple jouet qui vous bouleverse. Quelques mots, d’une petite fille de 10 ans, promettant de ne plus jamais faire de mal. Il y a les visages. Les photos, joyeuses, souriantes. Une église.

Oradour-sur-Glane, même si vous n’êtes pas très familier avec l’histoire, doit vous rappeler quelque chose. Un massacre. Une division SS en lutte avec des maquisards. Un village sur leur route. Et une tuerie, sans mobile, sans distinction. Hommes. Femmes. Enfants. Les premiers sont fusillés dans des granges. Les autres sont rassemblés dans l’église. Des bombes asphyxiantes. Et puis le feu.

(…)

Oradour-sur-Glane

Il y a l’horreur des faits. Le récit du musée. Et il y a le village. Resté tel quel. Pour ne pas oublier. Pour se souvenir. C’est un moment fort. Auschwitz, un lieu de massacre au Cambodge, le mémorial du génocide rwandais. J’en ai déjà vu, j’en ai déjà entendu. Mais là, je ne sais pas pourquoi, ça me touche vraiment. Enormément. Les petits détails. Les petites lettres entreposées. Les petits objets récupérés. Le cimetière et les mots des survivants, « tué par les Boches » que c’est écrit.

Les plaies ne sont pas cicatrisées. Cela semble impossible. Surtout que le jugement des criminels a fait grand bruit en 1953 : les condamnés alsaciens sont amnistiés moins d’une semaine après leur condamnation, à la suite d’une proposition de loi. Limousins contre Alsaciens. Le débat fait encore rage aujourd’hui.

Oradour-sur-Glane

Un lieu que je conseille, aux petits, aux grands, aux jeunes, aux vieux. Aux démocrates, et aux racistes.

Oradour-sur-Glane
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